Pro Liturgia : une Exposition collective

Pro Liturgia : ordinatrices du temps Exposition collective – Abbaye de Maubuisson

Pro Liturgia est une exposition collective à l’Abbaye de Maubuisson.

Artiste :  Cécile Babiole et Jean-Marie Boyer, Cécile Beau, Marie-Julie Bourgeois, Félicie d’Estienne d’Orves, Laura Haie et le collectif Iakeri (Alice Guerlot-Kourouklis, Jimena Royo-Letelier, Aneymone Wilhelm)

Pro Liturgia : ordinatrices du temps

Le parcours de cette exposition collective – conçue par le commissaire Julien Taïb, évoque une question simple : « Entretient-on un rapport religieux à la technologie » ?

Principalement portée par des artistes femmes, cette méditation sur le temps présent prolonge l’aventure spirituelle de l’abbaye. Aussi foyer de moniales érudites œuvrant à une réconciliation entre le corps et l’esprit, le matériel et l’immatériel.

En sept œuvres déployées dans les différents espaces de l’abbaye de Maubuisson, l’exposition déroule un parcours qui articule art et quotidien technologique. Elle donne à voir l’équilibre ou la précarité des grands partages que la modernité a établie entre l’homme et la machine, la nature et l’artifice, l’intelligence et l’imagination. L’exposition traverse ces discontinuités pour les remettre en mouvement.

Pro Liturgia en sept oeuvre d’arts

La fontaine hépatique – Cécile Beau

Une forêt panchronique miniature est reconstituée. Un petit jardin des origines où les espèces végétales qui le composent n’ont pas évolué depuis leurs traces fossiles datant du jurassique. S’y trouve également deux terrariums contenant des grillons. Leurs morphologies n’ont que très peu évolué depuis cette même époque. Ainsi, leurs chants restent inchangés et place ces stridulations parmi les rares traces sonores qui puissent nous parvenir de cette époque lointaine. Ici se mêlent différentes temporalités, se croisent des échelles minérale, végétale, animale et humaine.

Silence – Marie Julie Bourgeois

Silence est créé spécifiquement pour la salle des religieuses à l’Abbaye de Maubuisson. Cet environnement consiste en des projections de lumières colorées qui évoluent dans l’espace au fil de la journée. La lumière naturelle est filtrée par les vitraux bleutés froid. Les rayons suivent la course de soleils artificiels aux comportements météorologiques saturés. Ce pavement immatériel, au potentiel surnaturel, invite à s’installer dans le temps long de la méditation.

Dans la salle des religieuses devait être observée la règle de silence instaurée par Saint Benoît. Le silence, associé aux activités répétitives qui scandaient la vie des religieuses, incitait aux vertus de patience et à l’introspection.

Vivre selon les cycles de la nature est une aspiration qui traverse volontiers la société contemporaine. Depuis longtemps façonnée par l’homme, la nature « originelle » renvoie à une conception anthropomorphique : nos artifices technologiques auraient-ils une dimension spirituelle et romantique à l’image de cette quête originelle?

Silence est une projection de lumière qui va circuler au sol et au mur et interroger les rythmes circadiens à travers les comportements de la lumière solaire artificielle.

Bzzz !, Le son de l’électricité – Cécile Babiole

A l’époque du son traité numériquement de manière sophistiquée, Bzzz ! est une sculpture sonore qui renoue avec des méthodes de synthèse sonore primitive.

La sculpture a une forme rayonnante. Celle-ci est organisée autour d’un générateur d’ondes sonores situé au centre de la pièce. Elle est entourée par un ensemble de haut-parleurs fixes sur des pieds de micro. Le générateur est relié aux haut-parleurs par un faisceau de câbles-audio qui traverse l’espace de bas en haut et forment une sorte de voûte. La configuration de ces câbles met en scène le parcours des impulsions électriques jusqu’aux haut-parleurs.

Le générateur de fréquences est réalisé d’une manière raisonnablement rudimentaire. Ce dernier est composé de quelques composants électroniques basiques qui permettent de moduler le courant électrique. Ainsi il génére des vibrations sonores légèrement amplifiées. Six fils simultanés sont ainsi organisés et répartis dans l’espace. Ils suggérent un ballet de drones ou un concert d’insectes. Le dispositif invite le spectateur à déambuler d’un haut-parleur à l’autre. A observer la vibration de leurs membranes et à écouter le frottement des fréquences et leurs combinaisons.

En réinventant ainsi un générateur de formes d’ondes low tech et obsolète à l’heure du tout numérique, cette sculpture s’inscrit dans une réflexion sur l’histoire des techniques. Elle tente d’exprimer à sa manière un hommage au son analogique. Sans échantillonnage ni traitement : le son brut de l’électricité.

Deep Field – Félicie d’Estienne d’Orves

Félicie D’Estienne d’Orves confronte la flamme d’une bougie et sa contemplation rêveuse, aux espaces incommensurables de l’astrophysique. Sa lumière vacillante révèle à nos yeux la diapositive d’une vue du satellite Hubble : près de trois mille galaxies lointaines embrasant plus de treize milliards d’années-lumière…

Confiez-leur vos désirs – Laura Haie

Premier né d’une série de robots effectuant des gestes « inutiles mais sources de plaisir », ce robot invite le public à lui offrir un sucre pour « se faire un canard de café ».

Faire un canard de café, c’est créer une sucrerie, un met. On l’offrait à ses enfants pour les récompenser. Ou alors, bien imbibé d’alcool, il soignerait les maux de gorge et de transport. C’est un geste de plaisir, de patience, de délectation avant la dégustation du sucre imbibé, puis du café. Un moment presque intime…

À l’opposé du rôle traditionnel donné aux robots, les humains peuvent confier au robot de Laura Haie des gestes inutiles leur donnant satisfaction. La machine devient un objet réalisant des désirs. Du moins en théorie. Car, à la vision de ce geste, l’homme sera t-il réellement satisfait ? Et si le robot s’approprie nos plaisirs, ressent-il pour autant de la satisfaction en effectuant ces petits gestes inutiles ? Quelle relation pouvons nous dès lors entretenir avec cette machine absurde ?

Murs Invisibles – Collectif Iakeri

Murs Invisibles est une installation sonore et plastique qui utilise les statistiques de genre disponibles comme des matériaux. Le tout, afin de traduire un fait social et de rendre tangibles plafond de verre et autres murs qui n’ont d’invisible que leur nom. La réflexion soutenue par l’œuvre s’axe autour de la figure mythologique et ambivalente de Méduse. Celle-ci, fige celui ou celle qui ose la regarder en face. Ainsi, elle peut aussi bien désigner le pouvoir terrifiant du féminin que l’opinion générale et répétée qui paralyse et empêche la pensée. L’installation se présente sous la forme d’un environnement sonore nébuleux au sein duquel se meuvent des mobiles en formes de méduses. Sur ceux-ci sont affichées des données statistiques relatives aux inégalités de genre.

MURS INVISIBLES se propose d’offrir une perception des inégalités femmes-hommes par l’immersion dans un espace où la matière et le son sont révélés. Ils sont également sculptés et distordus par des statistiques de genre.

L’installation prend son inspiration formelle dans la réalité sociale même qu’elle entend représenter. Par le biais d’un travail de sculpture des matières provoqué par les data. Le tout, afin de rendre compte de la manière dont ces inégalités viennent elles-mêmes opérer des reliefs, des creux, des formes d’organisation et de pouvoir dans les sociétés.

Crédits
Commissariat d’exposition : Julien Taïb (Crossed Lab)
Production : Département du Val d’Oise
Crédits photos et vidéo : Abbaye de Maubuisson / Catherine Brossais

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  • Date

    2019